Charlotte David Foenkinos
Les fées ne s’étaient pas penchées sur le berceau de Charlotte à sa naissance en 1917 à Berlin. Entre la montée du nazisme et la malédiction familiale, c’est dans une passion dévorante pour la peinture qu’elle se jette pour échapper à un avenir très sombre. Il y a quelques années David Foenkinos découvre au musée juif d’Amsterdam l’œuvre de Charlotte Salomon, il est fasciné par cette artiste morte à 26 ans dans un camp de concentration et part sur les traces de la jeune femme. Cette rencontre le bouleverse alors il commence une longue enquête sur la vie de Charlotte, dans son livre Les souvenirs il lui consacre déjà une page entière intitulée : Un souvenir de Charlotte Salomon. Il met ses pas dans ceux de Charlotte, il va dans son école et sonne à toutes les portes où Charlotte est passée, à Berlin et dans le sud de la France.
La forme du texte très originale permet une lecture très fluide comme un long poème dans lequel on se jette dès la première page on ne relève le nez qu’à la dernière avec des larmes dans les yeux. On oublie très vite cette écriture en vers qui donne de la légèreté malgré les drames qui ponctuent cette autobiographie romancée. Une autre originalité dans son écriture, il quitte de temps en temps son poste de narrateur pour passer à la première personne : « Je sonne chez Charlotte » et cela rend le texte encore plus vivant.
On retrouve dans ce livre toute la délicatesse de Foenkinos et son humour. Foenkinos nous fait revivre toutes ces années horribles de la montée du nazisme en Allemagne la barbarie avec l’un des plus cruels SS Aloïs Brunner et la traque des artistes et des intellectuels. Charlotte n’a pas le droit d’aller aux cours aux beaux arts et quand elle réussit à y entrer on attribue son premier prix à son amie. Dans sa famille touchée par la malédiction les drames se succèdent , suicides de sa tante, dont elle porte le même prénom, de sa mère de sa grand-mère de son oncle de son cousin. Le passé familial est un lourd héritage basé en plus sur le mensonge car elle n’apprendra toutes les vérités que très tard par son grand-père et d’une façon très violente.
Ce vibrant hommage à cette jeune femme est bouleversant c’est un chant contre l’oubli c’est un peu redonner vie à Charlotte , ce destin tragique Charlotte enceinte sera gazée nous submerge d’émotions.
Foenkinos laisse une part d’ombre et de mystère dans ce récit sur la relation de Charlotte et de son grand père. En refermant je me pose cette question :et si Charlotte n’était pas morte aurait-elle été victime de la malédiction familiale ? se serait-elle suicidée ?
Beaucoup d’émotions dans ce livre qu’on referme avec délicatesse après l’avoir lu en silence et sans respirer je dirais presque en apnée !
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