Bilqiss de Saphia Azzedine

« Vous priez encore Dieu ?

– Bien sûr. Pourquoi ne le ferais-je pas ?
– Eh bien, il me semble qu’Il vous a abandonnée ces derniers temps.
– Allah ne m’a jamais abandonnée, c’est nous qui L’avons semé. »

Bilqiss est l’héroïne de ce roman : c’est une femme indocile dans un pays où il vaut mieux être n’importe quoi d’autre et si possible un volatile. On l’a jugée, on l’a condamnée, on va la lapider. Qui lui lancera la première pierre ? Qui du juge au désir enfoui ou de la reporter américaine aux belles intentions lui ôtera la vie ? Le roman puissant de Saphia Azzeddine est l’histoire d’une femme, frondeuse et libre, qui se réapproprie Allah.

Mon avis : Roman choral très fort où trois personnages  Bilqiss le juge Hassan et Léandra la journaliste américaine nous donnent leur version leur ressenti leur analyse de la situation. Bilqiss belle femme  cultivée veuve et sans famille n’a aucun avenir dans ce pays où des « décérébrés » font régner la charia. Tout comme Léandra, on voudrait l’aider la consoler la sauver mais elle n’en veut pas de notre charité de notre pitié elle veut seule combattre l’ignorance l’absurdité la cruauté l’horreur elle ne se taira pas. Par des phrases puissantes parfois drôles et pleines d’humour Saphia Azzedine nous parle de l’islam de son islam à elle et non pas celui des hommes : « J’aime ma religion mais pas ce que les hommes en ont fait » Très belle écriture, des mots « choc »livre que l’on dévore et dont l’issue nous surprend………..un livre d’actualité qui nous éclaire sur la vie quotidienne de ces femmes sans liberté sans avenir et laissées à la merci de ces hommes et de leur justice. Le juge Hassan écartelé entre ses sentiments amoureux et ses obligations est pitoyable de vérité de faiblesse. La voix de Léandra nous renvoie à la nôtre et à nos certitudes. Ce roman écrit en début d’année 2015 a une autre portée en ce mois de novembre où des terroristes intégristes tuent des hommes et des femmes au nom d’Allah. L’écho de ce livre est une belle réponse à l’obscurantisme.