Les gens dans l'enveloppe d'Isabelle Monnin

Le mot de l’auteure : En juin 2012, j'achète à un brocanteur sur Internet un lot de 250 photographies d'une famille dont je ne sais rien. Les photos m'arrivent dans une grosse enveloppe blanche quelques jours plus tard. Dans l'enveloppe il y a des gens, à la banalité familière, bouleversante. Je décide de les inventer puis de partir à leur recherche. Un soir, je montre l'enveloppe à Alex. Il dit : «On pourrait aussi en faire des chansons, ce serait bien.» Les gens dans l'enveloppe, un roman, une enquête, des chansons

Un roman pas comme les autres ! Tantôt romancière tantôt journaliste Isabelle Monnin nous emmène très loin dans ce livre. Un billet très difficile à écrire car il y a un tel travail un tel investissement pour l’auteure dans ce roman insolite et étonnant que je ne suis pas très à l’aise pour écrire tout mon ressenti .Jamais eu deux sentiments aussi contradictoires en lisant un livre. En effet la première partie a été pour moi très laborieuse , impossible de rentrer dans le livre impossible de trier les informations de suivre le fil et surtout très déconcertée par l’écriture. Mais comme j’aime cette auteure ( déjà lu Daffodil Silver et beaucoup aimé) et que ce livre est dans une sélection pour un prix littéraire où je suis jurée je persiste…………et j’entre dans la deuxième partie du livre intitulé L’enquête déjà c’est plus clair mais il est vrai que les personnages sont nombreux ils ont deux prénoms celui donné par Isabelle Monnin et celui de leur état civil je dois souvent aller consulter l’arbre généalogique à la fin du livre. Mais comme Isabelle Monnin je commence à m’attacher aux personnages et surtout à Michel puis à Laurence, les descriptions de la maison du village de ce milieu rural en somme très ordinaire et de leur vie très ordinaire m’émeut. Des détails qui nous parlent lorsqu’elle nous décrit la coupe à fruits en cristal posée sur le buffet, les vieux papiers peints, la décoration très pauvre, le confort rudimentaire . L’émotion dans ce livre est étrange car elle nous tombe dessus tout d’un coup et on sent que ce fut exactement pareil pour l’auteure. L’émotion c’est la rencontre entre l’auteure et les personnages de ses photos c’est  lorsqu’elle nous parle de sa propre vie à elle de son enfance qui s’est déroulée dans la même région et qu’elle fait un lien entre ces deux familles « chercher ta famille c’est comme trouver la mienne » dit-elle à Laurence. J’ai beaucoup aimé dans ce livre le questionnement de l’auteure sur sa démarche : Comment s’approprier les photos ? Avait-t-elle le droit d’entrer dans l’intimité de ces gens ?j’ai aimé sa discrétion et son départ sur la pointe des pieds à la fin. Le thème  de ce livre c’est essentiellement  l’abandon, l’abandon de Laurence par sa mère dans la première partie mais en réalité c’est surtout Michel qui a été abandonné deux fois d’abord par son père puis par sa femme et sa fille. Si Isabelle Monnin a fait de sa première partie un roman essentiellement féminin avec les portraits de 4 femmes c’est Michel qui est le personnage principal de son enquête et c’est lui qui révèle les secrets et donne les informations réelles de ces personnages dans l’enveloppe. De lui Isabelle Monnin dit  « Il va profiter de moi pour ranger sa vie »

Et puis la troisième partie c’est écouter le CD glissé à la fin du livre et  c’est un peu la cerise sur le gâteau l’aboutissement d’un long et magnifique projet. Cette continuité du roman est extraordinaire car on s’imagine plus tard l’écouter et retrouver les personnages avec émotion. « A Clerval sur la pavé ya des filles à marier…………. »Un livre qui ne laisse pas indifférent, un livre qu’on n’oublie pas un livre dont on mesure l’intensité plus tard beaucoup plus tard…………..