Que le destin bascule de Basile de Bure

      J’ai reçu ce document dans le cadre du coup de cœur des lectrices du mois de décembre chez Version fémina et pour moi c’est un réel coup de cœur. 400 pages qui auraient pu vite devenir ennuyeuses car le thème de ce document n’est pas facile. En  effet le journaliste Basile de Bure est allé animer des ateliers d’éducation aux médias au parc de la Villette. C’est dans ces ateliers qu’il va rencontrer de jeunes adultes souvent mineurs essentiellement des garçons  qui ont été condamnés à des « TIG » (Travaux d’intérêt général). Ils sont pour la plupart issus de l’immigration donc noirs arabes habitent la banlieue, déscolarisés dealers voleurs etc.. mais ils ont chacun une histoire un passé et Basile de Bure va les suivre les rencontrer, les écouter, les aider, les conseiller, les assister, découvrir leurs failles et surtout leur redonner confiance dans leurs avenirs. Ils s’appellent Baya, Gabriel, Kaïs, Ezra, Bakary, Julien, Joey ;   Basile de Bure va faire leurs portraits d’abord physiques, des portraits aux détails soignés des portraits vivants puis il va les écouter  raconter leurs enfances leurs familles et puis le moment où ils ont basculés dans la délinquance. Basile de Bure ne juge pas, ne condamne ni ne défend, il expose des faits. Mais c’est sûr, il a beaucoup d’empathie pour eux et nous la transmet. Un autre personnage est omniprésent dans ce récit c’est Basile lui-même qui se raconte, le petit Basile des beaux quartiers  qui met en parallèle sa vie à lui de petit bourgeois blanc élevé dans le 16 ème qui n’a jamais rencontré d’hommes de couleurs dans son quartier qui ne sait pas ce que  signifie avoir faim, avoir froid, avoir des chaussures à trous, des vêtements élimés. L’ado Basile qui ne s'est  jamais fait contrôler. Basile mesure le mur qu’il y a entre leurs vies à eux, ces jeunes qu’il rencontre et sa vie à lui. L’analyse est juste, pertinente teintée parfois d’une pointe d’humour. Les passages sur le milieu carcéral, judiciaire sont juste bien dosés et pas trop indigestes. Les récits reflètent la réalité : la lenteur de l’administration, les jugements qui ramènent le condamné plusieurs mois en arrière, les casiers judiciaires qui ne vous lâchent pas. Pour retrouver le droit chemin, la route est longue semée d’embûches ces jeunes n’ayant autour d’eux que des tentations mais certains y réussissent et c’est une belle victoire. J’ai dévoré ce document. Avant de commencer ce travail de journaliste au sein de cette association Basile avait peur de ne pas être capable mais comme il est curieux il a accepté. Ce livre qui retrace toutes ses rencontres est la preuve que Basile de Bure était plus que capable il est même très doué et son écriture est limpide claire et agréable à lire.

Après avoir lu ce livre, je me suis documentée sur Basile de Bure, il a déjà publié un roman Deux pieds sur terre en 2020 (à lire donc) et il est …..le fils d’Olivia de Lamberterie. Et je réalise que je viens de publier les deux billets de la mère et du fils l’un derrière l’autre.