Les sources de Marie-Hélène Lafon

    Un véritable coup de cœur pour cette pépite de 127 pages. Trois narrateurs en style indirect trois voix, trois dates. Un roman puissant qui m’a fait frissonner. Elle, la narratrice, la mère pendant ces deux jours les   10 et 11 juin 1967, décrit par le détail tous les moments de la journée et revient sur son passé depuis son mariage. Elle, elle a 30 ans, 3 enfants, 33 hectares de terres, mariée depuis 1959. Elle a tout pour être heureuse, une belle et grande ferme prospère, du personnel, une bonne deux ouvriers,  des appareils ménagers modernes, une télé, elle conduit. La famille habite dans un hameau très perdu du Cantal. Mais sa vie est un saccage, celui qui partage sa vie lui dit qu’elle pue qu’elle est grosse qu’elle est un boulet et la narratrice  fait allusion à des scènes de violence jamais racontées juste suggérées. Elle vit dans la terreur et la crainte, elle a peur pour ses enfants et surtout elle a honte et n’ose pas en parler ni à ses parents ni à ses sœurs. Elle, elle n’a pas de prénom, lui  non plus d’ailleurs juste une allusion lorsque la narratrice fait parler la tante Jeanne de son neveu  Pierrot. Depuis 8 ans elle rêve de partir mais n’en a pas le courage, elle aurait dû elle n’a pas pu. Le 19 mai 1974 c’est le père qui se souvient en un petit chapitre et qui fait le point sur la vie de la famille. Puis ce sera Claire, la fille ainée dans un troisième chapitre encore plus court qui viendra clôturer ce roman le 28 octobre 2021. Une écriture ciselée et précise, un vocabulaire percutant, une construction originale.

- Il dit : « Tu ressembles plus à rien » Il dit :   « Tu pues, ça pue ». Et il s’enfonce.