Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Des Livres et des Paillettes
19 février 2024

Le convoi de Beata Umubyeyi Mairesse

 

Le-convoi

« S’il y a un livre que tu voudrais lire mais qu’il n’a pas encore été écrit, alors tu dois l’écrire » Il y a une quinzaine d’années Beata Umubyeyi Mairesse découvre cette phrase de Toni Morrison, cette phrase reste dans sa mémoire et la fait déjà réfléchir à la nécessité d’écrire un récit sur sa vie pendant le génocide au Rwanda et non pas des romans comme elle l’a déjà fait. Avant de parler de ce récit je vais faire un petit retour en arrière ; en effet dans la sélection du prix ELLE roman nous avons reçu Magnifique le roman de Jean Félix de la Ville Baugé qui raconte la fuite de Magnifique, jeune femme tutsie ; ce livre que j’ai beaucoup apprécié je ne l’ai pas estimé à sa juste valeur car j’avais peu d’informations sur le génocide et aujourd’hui beaucoup d’évènements que j’ai trouvés un peu faciles me paraissent beaucoup plus vrais. Dans ces deux livres un point commun cette machette qui est l’arme fondamentale de ce génocide. Donc l’auteure Beata, que j’appellerai Beata dans cette critique ce sera plus simple, est depuis le 18 juin 1994 poursuivie par cette journée où elle quitte le Rwanda avec sa maman dans un convoi humanitaire Suisse. Depuis ce 18 juin 1994 elle cherche des traces, papier, vidéo  de ce passage à la frontière du  Burundi. Beata récupère quatre photos sur lesquelles elle s’identifie ainsi que sa mère. Le 18 août 2020 elle retrouve l’humanitaire qui avait organisé ce convoi elle sait alors qu’elle va écrire son récit, son enquête qu’elle mène depuis 2007. Dans ce récit dense, bouleversant  elle revient d’abord sur les raisons de la création de ces deux ethnies : hutu tutsie ; puis elle analyse les difficultés de l’écriture en passant  de l’adolescente de 15 ans à la femme de 40 ans aujourd’hui. Beata aborde de nombreux sujets dans ce récit : la transmission, le souvenir, l’exactitude des informations, le cheminement entre mémoire et écriture et surtout la place des humanitaires, des journalistes et des rescapés dans un drame humain quel qu’il soit. Elle s’attache aussi aux détails qui font qu’une  scène bascule dans un sens plutôt qu’un autre. Un titre très bien choisi qui rappelle d’autres convois. Elle analyse avec finesse et détails  les raisons qui empêchent les rescapés de parler à leurs retours. Elle donne des indices pour expliquer pourquoi un génocide en Afrique n’est pas autant médiatisé que d’autres et surtout pourquoi la France a eu une position aussi ambigüe. A la lecture de ce récit j’ai mieux compris ce génocide, les signes qui auraient pu alerter et les décisions qui auraient pu l’éviter. Ce récit est complet, l’écriture y est délicate et  juste. Certains passages sont très forts et plein d’humanité. Peut-être un petit point négatif je me suis un peu perdue dans les différents  convois et certains personnages.

 « Mais aujourd’hui, entre le monde et nous, il me semble enfin qu’une autre histoire est possible. Et que c’est à nous, les victimes d’hier, de la raconter. Le temps n’est-il pas venu pour nous, trente ans après les faits de nous réapproprier ces photos, de les légender avec notre langage, à l’aune de notre expérience ». page 248

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Des Livres et des Paillettes
Archives
Visiteurs
Depuis la création 19 640
Publicité