La Famille de Naomi Krupitsky

    Dès la première page on fait connaissance avec Sofia Colicchio et Antonia Russo elles sont inséparables, vivent  dans le même quartier de Brooklyn dans le même immeuble mais pas le même escalier, leurs chambres ne sont séparées que par un mur. Elles rêvent, s’inventent des destinées et ne se quittent jamais. Il n’y a pas de place pour d’autres rencontres. Leurs grands-parents italiens ont immigré. Leurs pères Carlo et Joey  travaillent ensemble, ils font de l’import- export sous la haute autorité d’un certain Tommy Fianzo dit Oncle Tommy un mafieux redoutable mais on préfère parler de la grande Famille. « Elles savent que la Famille, c’est tout » page 15   Elles partagent leurs moments avec leurs mamans Lina et Rosa deux femmes sans cesse plongées dans l’angoisse car elles, elles savent à quoi s’exposent leurs maris et quels sont les dangers de leurs occupations malhonnêtes. En grandissant elles notent des différences avec leurs camarades de classe, elles se sentent isolées et ne comprennent pas pourquoi. Elles s’aperçoivent que dans cette grande Famille on chuchote. Elles sentent l’anxiété de leurs mères quand les pères ne rentrent pas. Et puis Carlo le père de Lina ne rentre pas…Lina a 7 ans. Même si ce sont les hommes qui gèrent le business dans ce roman ils n’ont que les seconds rôles car ce sont les femmes et leurs filles qui occupent la scène. Elles n’ont pas choisi leurs vies ces mères elles ont même conseillé à leurs filles  d’éviter : « les hommes aux cheveux gominés en arrière ». Sofia et Antonia ont 20 ans à la fin du roman en 1948 elles comprendront qu’elles doivent agir si elles veulent se libérer de la Famille. Cette saga m’a fait penser à celle d’Helena Ferrante et à l’amitié de Lena et Lila. La vie des femmes y est explorée avec détails et minutie : études, amitié, liberté, rencontres amoureuses, mariages, grossesses, poids des traditions, obéissance au mari. Un premier roman soigné et parfaitement réussi qui tient le lecteur en haleine. A lire absolument !