Le silence après nous de Sarah Masson

Allongée sur son lit d’hôpital à Garches, Mona, tétraplégique, scrute le plafond, nous sommes en mai 2007, elle a dix-huit ans. L’accident très violent qui la cloue sur ce lit sera  évoqué tout au long du roman par bribe c’est un peu le fil conducteur, il s’est déroulé quelques jours plus tôt le 20 mai exactement. Avec une construction surprenante et pas toujours facile à suivre, l’auteure retrace la vie d’avant l’accident. Mona vit à Ste Adresse, banlieue chic du Havre avec ses parents, les Loiseau, qui se sont hissés dans la sphère sociale, le père ouvrier est devenu patron. Elle, c’est l’intello à l’avenir prometteur celle qui réussit à l’école, elle  a deux frères Gabriel dit Gaby son aîné le docker le rebelle et Antonin son petit frère, l’ado un peu fragile. Ils  vont à tour de rôle raconter leurs vies, vie de fratrie tantôt unie tantôt cassée, « une vie familiale qui tangue », ils vont aussi raconter leurs vies sentimentales et leurs rencontres. Du passé au présent, ils vont analyser leurs relations, essayer de recoller ces morceaux de vie, raconter l’accident qui a coûté la vie à Gaby. L’auteure explore avec tendresse et lucidité les relations conflictuelles dans la famille mais aussi les liens indestructibles créés  au fil du temps et les secrets de famille. L’écriture est sobre et riche, l’atmosphère du Havre est très bien rendue, (je suis havraise….) des phrases très courtes parfois sans verbe, un premier roman un peu décousu certes mais où les sentiments très forts bousculent un peu le lecteur. Les remords d’Antonin qui restera dix ans loin des siens, les questions posées : « C’est quoi pour toi être heureux ? » « C’est qui le minable ? »  « La simplicité c’est quoi ? » Un premier roman ni triste ni larmoyant malgré le sujet. Un livre que je conseille et que je n’oublierai pas.