Les passantes de Michèle Gazier
Presque un huis clos. Dans un cabinet médical à Montpellier, quatre infirmiers Madeleine la chef, Lilas la jeunette, Joseph le beau garçon et Evelyne la jeune femme en congé maternité, remplacée par sa tante Léonor une infirmière à la retraite, se relaient pour assurer les soins essentiellement auprès de personnes âgées. Dans un roman choral très bien maîtrisé par l’auteure on vit au jour le jour le quotidien de ce monde médical, des infirmières toujours à l’écoute des patients. J’emploie le mot infirmières car Joseph reste muet tout au long du roman et d’ailleurs je me suis demandée pourquoi ? Tout se passe bien et tout roule j’oserais dire jusqu’au jour où Léonor croit reconnaître dans une de leur malade Esther, une femme de son village. Cette femme est particulièrement désagréable avec l’équipe et chacune cherche à percer le mystère de sa vie. L’équilibre de l’équipe médicale va devenir fragile et Madeleine va avoir du mal à le gérer. Le roman bascule alors dans une enquête policière un peu compliquée où je me suis un peu perdue car le lien entre Esther et Léonor est confus. Avec son écriture toujours aussi douce et raffinée, Michèle Gazier écrit un roman qui sonne vrai sur le métier d’infirmière libérale, elle y traite le combat féministe. A la page 130, elle y traite avec justesse la limite fragile de la relation entre patient et soignant. Elle décrit les intérieurs des appartements qui comme les personnes âgées ont perdu leur éclat, les bibelots d’un autre siècle et le lit médicalisé qui a remplacé le lit douillet. Et puis avec tact elle évoque la mort des patients à laquelle on ne s’habitue pas. J’ai presque lu la totalité des romans de Michèle Gazier et c’est toujours un réel plaisir pour moi de retrouver cette belle écriture très efficace. Dans ce roman, à la fin juste avant les cauchemars j’ai cru reconnaître dans les pensées et réflexions de Léonor celles de l’auteure. Le titre m’a fait penser à la chanson de Georges Brassens et je trouve le choix excellent et très à propos.