Au vent mauvais de Kaouther Adimi

    Il s’appelle  Saïd, il vient de publier son premier roman en langue arabe. Dans une librairie à Alger c’est jour de dédicace. Sur la couverture une photo, un couple, les héros du roman de Saïd, ils sont jeunes ; ils s’appellent Tarek et Leïla. Au même moment dans un petit hameau un couple Tarek et Leïla et leurs deux filles quittent à l’aube leur maison. Ils prennent le train et fuient. C’est l’histoire de ce couple que l’auteure Kaouther Adimi va dérouler depuis leurs naissances jusqu’à ce jour fatidique où Saïd publie son roman. Dans le petit village d’El Zahra le 3 février 1922 le petit Tarek voit le jour dans une famille pauvre ; sa mère est sourde et muette. Son père meurt accidentellement quelques jours après sa naissance.  La sage-femme et voisine  Safia accouche une autre maman dans le village mais celle-ci n’a pas de lait, la mère de Tarek va devenir la mère nourricière du petit Saïd, sa famille est riche.  Saïd Tarek et Leïla habitent tous les trois dans le même quartier et jusqu’aux 11 ans de Leïla ils passeront leurs journées ensemble dans les champs à jouer et courir en toute liberté. Tarek devient  berger, Saïd part à la ville faire des études et Leïla est mariée contre sa volonté à un vieil homme.  Avec ces personnages on va traverser le XX ème siècle en Algérie, son histoire trouble, la guerre 39 -45, l’indépendance, la décolonisation, la condition de la femme, l’islam. L’auteure a su ne pas trop délayer l’histoire du pays et nous émouvoir avec la vie de ces trois personnages. Elle pose la question sur les désastres qu’engendre la publication d’un livre qui révèle des secrets familiaux. Elle analyse la condition de la femme en Algérie. Après avoir lu les petits de décembre, véritable coup de cœur, cette auteure confirme avec ce nouveau roman, sa sensibilité à l’égard des femmes, son attachement à son pays à ses racines même quand elles sont douloureuses. Elle confirme aussi ses qualités d’écrivaine.