Triste tigre de Neige Sinno

« Quand on a été victime une fois, on est victime pour toujours. Même quand on s’en sort, on ne s’en sort pas vraiment » page 202

« Chaque histoire de viol est unique » page 185

   Difficile, très difficile de rédiger un commentaire sur ce récit. Ce qui m’a le plus marqué dans cette lecture c’est la proximité que la narratrice établit avec le lecteur. Elle s’adresse à une seule personne et donc à moi dans le cas présent. C’est fort violent mais parfois drôle avec une pointe d’humour. Elle dresse d’abord le portrait de sa famille recomposée, le portrait de son violeur, elle révèle les indices qui auraient pu inquiéter sa mère, sa famille, son père, les amis. Mais il est fort très fort cet homme pervers machiavélique, il sait déjouer tous les pièges. La narratrice décortique tout ce qui empêche la petite fille qu’elle était de révéler à sa maman les atrocités commises par ce beau-père. Elle essaie de comprendre ce qui la poussera à porter plainte tant d’années après. Elle tentera de répondre aux questions que se pose le lecteur au fil de sa lecture surtout la principale pourquoi écrire un livre ? Est-ce une thérapie ? Est- ce de la littérature ? Elle analysera ce qu’est le consentement chez un jeune enfant. La liste des lieux  où se sont produits les actes à la page 142 est bouleversante, les détails les odeurs sont toujours là, tant d’années après. Elle revient aussi sur ce qui est déclencheur pour révéler le viol, dans cet exemple c’est Edmond un homme beaucoup plus vieux un homme qui n’est pas un proche avec lequel elle n’a aucun lien. Une personne extérieure à sa vie et qui ne sera pas impacter par la révélation. L’écriture est simple sobre  claire et la construction est habile. Neige Sinno ose dire des choses que la plupart des gens ne veulent pas entendre et c’est je crois ce qui m’a le plus bouleversée dans ce récit.