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Des Livres et des Paillettes
19 mars 2020

Opus 77 d'Alexis Ragougneau

 opus 77

Un roman riche, dense, passionnant qui m’a surprise, j’avais très peur que le côté musical soit indigeste car je ne suis pas du tout mélomane.

C’est donc une famille que l’on va suivre  tout au long de ce roman une famille normale. Il y a le père Clayssens dont la narratrice, sa fille,  ne cite jamais le prénom et ne l’appelle jamais papa. Il est chef d’orchestre très renommé, il y a la mère Yael chanteuse sopano de vingt ans sa cadette, le fils David violoniste et la fille Ariane pianiste et narratrice. Ces quatre personnages vivent dans un milieu étouffant, dirigé d’une main de maître par le père. Yael s’efface vite sombrant dans la maladie, la folie, la dépression, écrasée par un mari despote absolu, ses tentatives de suicide sont répétitives. En rencontrant Clayssens, elle a renié sa religion, oublié sa culture, ses racines et ses souvenirs. L’incipit s’ouvre sur la célébration de l’enterrement de Clayssens à  Genève, puis la narratrice va alterner le passé et le présent d’une façon très fluide et avec beaucoup de suspense. Que s’est-il passé à Bruxelles lors du célèbre prix Reine Elisabeth où David était candidat ? Le caractère des personnages est précis et étudié avec finesse, le père cassant, blessant, imbu de sa personne qui veut garder une apparence de jeune premier. Les deux enfants virtuoses mais blessés dès leur enfance ont été élevés avec en fond sonore le mot « recommence » martelé par ce père qui cache un secret. La mère quasiment invisible. La narratrice  conduira avec une grande maîtrise jusqu’au bout  le suspense, elle sait mettre le lecteur en position d’attente après l’évocation d’un souvenir d’une anecdote. Les révélations sur le monde musical m’ont beaucoup interpelée, la critique est très acerbe mais tellement lucide. « Les connaisseurs » qui se choisissent les champions, tout est donc organisé. J’ai été emportée par le long passage où la narratrice  parle d’un  « chien noir » la chute est spectaculaire et surprenante. J'ai beaucoup aimé le personnage de Krikorian, vieillard pédagogue, qui permet d'aborder le côté politique de l'époque. 

"A quoi tient la trajectoire d'une vie? A son père. A sa mère. A son frère ou à sa soeur. A ses échecs, à ses succès. A la musique qu'on entend et aux livres qu'on lit." page 195 sublime citation 

Un excellent roman ! Une belle écriture !

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Commentaires
B
Bjr, spécial mais top. Prenez soin de vous et de vos proches...
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